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De l'autre côté du miroir
25 novembre 2009

"Les Caprices de Marianne" par Sébastien Azzopardi: inventif et passionné

"Les Caprices de Marianne" jouent jusqu'à la fin de l'année les prolongations au théâtre Lucernaire. Une bonne occasion de se replonger dans une des plus grandes pièces de Musset, servie par une mise en scène réussie.

caprices_de_marianne_x300« Une sérénade, une trahison, un coup de poignard ». C'est ainsi que le metteur en scène Sébastien Azzopardi résume l'intrigue de la pièce. Comme "On ne badine pas avec l'amour", elle repose sur un triangle amoureux. Celui qui rassemble dans un même filet dont ils essaient de se débattre Marianne, Coelio et Octave. Le timide Coelio est épris de la belle Marianne. La jeune femme, mariée à l'influent Claudio, reste insensible à sa plainte. Coelio fait ainsi appel à son ami Octave, libertin notoire et cousin de Marianne, afin de plaider en sa faveur auprès de la jeune femme. Mais loin de l'effet escompté, Marianne tombe peu à peu amoureuse d'Octave...

Les pièces de Musset sont souvent considérées comme particulièrement difficiles à mettre en scène mais la mise en scène de Sébastien Azzopardi est ingénieuse. Le choix opéré ici est celui de décors sobres, quasi minimalistes : une rupture  avec les nombreux changements de décors de la mise en scène originelle qui permet de se concentrer sur l'essentiel. La scène, en arc de cercle, est entourée de toiles tendues qui suscitent une atmosphère de secrets et de mystère. L'éclairage joue avec celles-ci. Ainsi, lorsque Coelio, emporté par ses rêves, croit voir Marianne qui l'appelle, une lumière projetée sur une des toiles fait apparaître la jeune femme placée derrière celle-ci. Quand le jeune homme s'en rapproche enfin, la lumière cède la place à l'ombre, et Marianne disparaît : l'illusion du personnage est dissipée.

Selon la vision du metteur en scène, le spectateur se retrouve ici pris « dans le tourbillon du carnaval napolitain ». Les costumes s'inspirent ainsi du folklore italien. Les masques utilisés symbolisent le jeu, les illusions des personnages sur eux-mêmes et sur le monde qui les entoure. Les faux-semblants tiennent en effet une place importante dans cette pièce écrite en 1833 par un Musset trompé par George Sand, désabusé.

Quant à la musique, nul enregistrement. Ce sont les acteurs eux-mêmes qui chantent ou jouent des partitions du répertoire populaire italien. Ce sont également eux qui créent en coulisse les effets sonores.

capricesmarianneoctaveLe texte de Musset est l'objet à deux reprises d'interprétations personnelles. Ainsi, dans l'acte II scène 3, Claudio a recours au viol afin de rappeler à Marianne qu'il est son maître. Dans la scène suivante, l'entrevue d'Octave et Marianne se termine par des étreintes passionnées. Rien dans le texte ne suggère clairement ces deux visions. Néanmoins, les deux ne font que renforcer l'intensité de la pièce et de la représentation.

Pour interpréter les neuf rôles du drame, six comédiens-musiciens-chanteurs, issus de la Compagnie caprices_marianne_azzo_lucernaire_lot__4_Sébastien Azzopardi. Tous sont remarquables. Grégoire Bourbier campe un Coelio mélancolique, mais loin d’être fade. Diaphane, son personnage est touchant dans son incapacité à communiquer ses sentiments et son impuissance face au mauvais tour que lui joue le sort. Helen Harle – en alternance avec Elisa Sergent – parvient à retranscrire avec justesse toutes les phases par lesquels passe Marianne, de la dévote au coeur froid à la femme libre et passionnée. Enfin, Christophe de Mareuil – en alternance avec Sébastien Azzopardi lui-même – s'il déroute initialement par un jeu nonchalant, ne cesse de gagner en intensité tout au long de la pièce, déployant un charisme ravageur.

Au final, trois interprétations tout en nuances qui rendent compte du formidable mélange de genres de ce drame romantique. Car on est bien ici perpétuellement sur le fil du rasoir. Comme le dit Sébastien Azzopardi, « le désir et la passion dévorent chacun de ces personnages, jusqu'à les entrainer au bord du précipice. » De la comédie au drame, il n'y a au fond qu'un petit pas. Un petit pas ouvrant la porte sur un grand plaisir théâtral.

Christine Brion.

Liens :

- Page sur 'Les Caprices de Marianne' : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Caprices_de_Marianne

- Site du Lucernaire : http://www.lucernaire.fr/

- Site web de la Compagnie Sébastien Azzopardi : http://www.compagniesebastienazzopardi.com/ 


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Commentaires
J
wahouh! je suis impressionnée par ton blog! il est magnifique!<br /> je commente ce billet car je confirme; superbe pièce où les comédiens sont polyvalents, car ils jouent, chantent et transmettent une réelle émotion aux spectateurs.<br /> Le cadre intimiste du théatre permet une complicité avec les acteurs; à voir de toute urgence!!!<br /> bravo ma chris, il faudrait que tu fasses une newsletter pour que les lecteurs soient alertés lorsque tu publies de nvx billets.
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